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TRENTIEME JOUR

 

Les lits picots Le bivouac Entrée de Biltine Le paysage La rame de camions

Les lits picots
Les lits picots 
Dimanche, 02 janvier, mes sacs sont prêts, départ prévu pour midi. Je déjeune en vitesse, mon dernier bon repas avant longtemps, direction le parking de la PROTERRE où la rame de camions se forme. J'embarque dans un GBC, un gros camion à six roues, place du milieu avec les genoux dans le menton. Le départ est retardé à 13 heures 30, nous attendons notre guide de l'armée tchadienne.

Nous partons enfin. Nous contournons l'aéroport et nous sommes déjà en rase campagne. Nous filons vers BILTINE, notre première étape, à une cinquantaine de kilomètres de là.

Les routes sont des pistes, parfois dures et lisses comme le macadam, parfois défoncées par les ornières comme un champ de bataille, parfois d'un sable où l'on s'enfonce jusqu'aux essieux.

Nous dépassons BILTINE, dont nous ne voyons que les faubourgs, pour installer notre bivouac à la sortie nord de la ville, en rase campagne, à priori loin de toutes habitations, mais ici on n'est jamais loin du monde.

Ce qui me frappe le plus est que le sol, où que l'on soit, est couvert d'excréments d'animaux. Il y en a absolument partout, de petits tas ou de petites crottes qui émaillent le sable. Il faut dire que partout où l'on regarde, on voit des animaux, seuls ou en troupeaux. Pas d'animaux sauvages malheureusement, des chèvres, des moutons, des ânes, des vaches, quelques chevaux, des dromadaires. Ils errent dans la campagne, en toute liberté, sans gardiens, certains sont entravés, aucun n'est sauvage, tous ont un propriétaire.

Les véhicules sont garés en U, façon cercle de chariots des films de cow-boys. Les lits picots sont dressés au centre. Avec la nuit, vient la fraîcheur mais elle est encore supportable. Au menu du dîner, boîte de ration chauffée au réchaud à alcool solide.

 

TRENTE ET UNIEME JOUR

 

Des autochtones Enfin un animal exotique Passage de radier dans un wadi Rare mais imposante circulation Pour planté c'est planté

Des autochtones
Des autochtones 

Lundi, 03 janvier, réveil à 05h00, à peine sorti du lit et de la moustiquaire, nous remballons notre installation tout en prenant un petit déjeuner à la hâte, café ou thé et petits gâteaux secs. Les toilettes sont à proximité, derrière un buisson. A 06h00, nous reprenons la route vers le nord, vers Arada, à 02 heures de route. Le terrain est plat comme la main, recouvert d'une herbe desséchée et rare, planté de quelques épineux. La piste serpente au milieu de cette steppe, se divise, se rejoint au gré des caprices des conducteurs qui nous ont précédés ou au gré des caprices de la nature.

Nous atteignons une honorable vitesse de croisière de 40 à 50 m/h. Des wadis, des rivières à sec, coupent notre route et brisent notre moyenne. Nous les franchissons au pas sur des radiers de grosses pierres qui nous brinqueballent, nous préférons parfois les éviter en passant par le lit du ruisseau, à gauche ou à droite.

Des restes mécaniques, bloc moteur, boîte de transmission, pont, essieu, carcasse, parsèment la piste comme autant de points de repère et de funestes présages.

Les villages prennent un allure nettement africaine avec des cases en pisé et des toits pointus en chaume.

A l'entrée d'Arada, tout petit village, d'importants travaux de voirie sont en cours. D'énormes camions, presque neufs, et de non moins énormes scrappers, s'occupent à refaire la piste.

Au-delà, vers Oum Chalouba, les arbres se font plus encore plus rares. La piste est un lit de sable fin où les véhicules s'enfoncent et s'enlisent, mais ça passe quand même. Des dromadaires paissent en nombre autour de nous. Des champs de mil parsèment la campagne. Nos roues écrasent de petites pastèques qui poussent de manière sauvage le long de la piste.

Sur une petite butte, au milieu de rien, se dresse une case de paille et un drapeau tchadien au mat torturé. C'est une école, d'après notre guide.

C'est le moment où l'un de nos VLRA décide de tomber en panne, compresseur d'air hors service. Il est presque midi. Nous trouvons refuge dans des bosquets à proximité de la piste, le temps d'avaler une boîte de rations et de demander des ordres à Abéché.

Le véhicule en panne est laissé sur place, sous la protection d'un groupe de combat, et le reste de la colonne poursuit vers le nord.

Nous atteignons Oum Chalouba vers 15h00. Nous faisons halte quelques kilomètres avant le village. Nous n'en apercevons que quelques cases éparses et les antennes des relais téléphoniques. Les officiers vont prendre contact avec les autorités locales, nous patientons au bord de la piste. Des camions surchargés nous croisent, en route vers le sud.

Nous repartons vers 16h00 pour rejoindre nos camarades abandonnés en cours de route. Nous devons faire vite pour arriver avant la nuit.

L'obscurité s'installe déjà lorsque nous les retrouvons. Le sol est parsemé de trous. Notre véhicule tombe jusqu'aux essieux dans l'un d'eux. Il est dégagé facilement, la direction en a pris un coup mais le mécano fait des merveilles à la lueur d'une balladeuse. Plus peur que de mal.

Le dîner est amélioré par un cabri et du riz. Je prends une douche, sommaire, une outre à eau accrochée à un rétroviseur de camion.


 

TRENTE DEUXIEME JOUR

 

Un baroudeur du désert La végétation locale, ça pique. Enlisé ! Habitat local Rue principale d'Arada

Un baroudeur du désert
Un baroudeur du désert 
Mardi, 04 janvier, réveil à 05h30, départ à 06h30. Nous reprenons le chemin de Biltine que nous atteignons vers midi.

Avant Arada, nous sommes de nouveau confrontés à la piste sableuse, mais en sens montant, les P4 s'enlisent, les GBC s'en sortent à peine mieux, seuls les VLRA avalent tous les obstacles.

A Biltine, nous sommes rejoints par un groupe de dépannage venant de Abéché qui échange le VLRA en panne contre un GBC. Nous traversons la ville, un village de cases en terre crue, dont la rue centrale, poussiéreuse à souhait, est une succession de petites boutiques.

Le bourg est construit au pied d'une petit montagne, la sortie est encombrée de gros rochers que nos camions escaladent et descendent sans peine mais lentement. Au-delà, la plainte s'ouvre à nouveau devant nous.

Nous campons à l'écart. Les enfants peuvent parfois être très envahissants.

 

TRENTE TROISIEME JOUR

 

Au plus court à travers la verte Alarm ! fliegalarm ! Nous sommes tous morts, virtuellement. Au-delà du wadi, à sec, la ville de Bakaore Vestiges de guerre

Au plus court à travers la verte
Au plus court à travers la verte 
Mercredi, 05 janvier, réveil 05h30, départ 06h30, la piste que nous empruntons d'abord nous mène au nord alors que nous désirons aller vers le nord-est. Nous coupons à travers la campagne, à travers des taillis où nous zigzaguons sans cesse, secoués par les ornières des petits wadis que nous franchissons. Nous retrouvons une piste qui semble mener dans la bonne direction. Elle emprunte le fond sablonneux d'un wadi dont elle escalade parfois les berges pour retomber dedans plus loin. Nous sommes ballotés dans tous les sens, nos lombaires et nos cervicales en prennent un coup. Nous nous traînons à 20km/h, parfois moins.

Nous rejoignons enfin une piste plus carrossable. Le convoi prend de la vitesse, nous avons 200 kms à parcourir avant la nuit.

Dans le milieu de la matinée, nous sommes surpris par un bruit infernal. Deux Mirages 2000 viennent de nous survoler à basse altitude. Nous faisons halte. Les oiseaux de métal tournoient dans le ciel en virages serrés et replongent vers les camions à plusieurs reprises en un simulacre d'attaque au sol. Les avions passent à quelques dizaines de mètres au dessus de nos têtes dans un fracas assourdissant, nous sentons la chaleur des tuyères lorsqu'ils remontent plein pot. Le souffle des réacteurs soulève des tourbillons de poussière autour de nous. Cinq minutes d'un majestueux ballet et les Mirages disparaissent vers l'ouest, vers N'DJAMENA.

Nous déjeunons à Bakaoré, à l'entrée du village. L'adjudant d'unité nous a acheté du pain local, un peu trop moelleux et plutôt bon comparé aux biscuits de guerre mais il craque sous la dent, le boulanger devrait avoir la main un plus légère avec le sable. Je m'en contente ainsi que d'une simple tranche de pastèque. Je n'ai pas trop faim.

Quelques villageois s'assemblent autour de nous, silencieux et réservés. Nous leur distribuons le fond de nos rations de combat, biscuits de guerre, sucreries, fromage fondu, rillettes de saumon.

La route de l'après-midi s'engage sur de hauts plateaux parsemés d'énormes rochers et coupés de gorges profondes. Le relief s'adoucit à l'approche d'Iriba et des carcasses de tanks russes, vestiges d'une guerre oubliée, parsèment les bas-côtés.

Notre voyage cesse enfin, il est 16h00, nous sommes moulus par les cahots de la piste.

A la nuit tombée, le vent se lève, il commence à faire froid. Cette nuit est la plus froide depuis notre départ et malheureusement pas la dernière. Le thermomètre de l'ambulance descend au-dessous de 12°. Je dors mal, encore plus mal que les nuits précédentes, transi par le froid. Pourtant je couche dans un duvet protégeant jusqu'à -5°. Je me lève avant l'aube pour aller me chauffer au feu de camp. La plupart d'entre nous seront réveillés avant l'heure.

 

TRENTE QUATRIEME JOUR

 

Fait frisquet ce matin Le camp de la Minurcat Rue Principale d'Iriba Le cercle des chariots Encore un bivouac

Fait frisquet ce matin
Fait frisquet ce matin 
Jeudi, 06 janvier, le réveil est sonné plus tard que d'habitude, 07h00. Aujourd'hui, c'est une petite étape.

Nous gagnons l'entrée d'Iriba, vingt kilomètres plus loin, où nous attendons l'arrivée de la relève. Presque tout le personnel est remplacé sauf de rares chanceux, le médecin capitaine, son infirmier, deux radios, deux mécanos et votre serviteur.

L'aérodrome est à côté d'un ancien camp de la MINURCAT qui tranche par la rigueur de ses formes et la netteté de sa constructions. Les miradors sont des bunkers de béton, les merlons de terre de l'enceinte sont recouverts d'un plastique immaculé, les barbelés rasoirs brillent au soleil. A l'intérieur, les CORIMECS s'alignent avec la rigueur d'un géomètre. Il est presque vide, occupé par une équipe du DIS et quelques gendarmes tchadiens.

Le Transall arrive. Les troupes fraîches en débarquent, le casse-croûte jambon-beurre à la main. Je salive, gavé de rations depuis plusieurs jours.

Iriba est le fief de Son Excellence, M. le Président Idriss Debi Itno. La ville, le village, est plutôt bien tenue, plus propre que toutes celles que nous avons traversées jusqu'à présent. Nous prenons contact avec les autorités, l'accueil est poli mais réservé.

Nous bivouaquons dans un petit bosquet, toujours à l'écart des habitations. Personne n'est encore venu rôder autour de nos campements. Les arbres coupent le vent, un peu, mais il fait toujours froid. Je dors de moins en moins. Ce soir, au menu, c'est cassoulet. Il est déjà froid à peine servi dans l'assiette.

 

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