Arrivée d'une VAM

QUINZIEME JOUR

samedi, 18 décembre , arrivée d’un Transall, il transporte un VLRA du COS, armé jusqu’aux dents, genre MAD MAX 2, et une dizaine de commandos, armés de même. Bizarrement, ces militaires portent le cheveu assez long alors que la mode capillaire militaire française est plutôt à la « boule à zéro ». Leurs coiffures sont assez «  dans le vent », un peu genre photos de magazines, bellâtre quoi. Mais bon, respect quand même pour ces soldats.

Michel et Renaud débarquent également de l’avion. Ils ont la mine réjouie après une petite virée de détente sur N’DJAMENA. Ils nous racontent leurs exploits et les lieux de perdition qu’ils ont fréquentés. Ah, les lumières de la grande ville !

Dans l’après-midi, un hélicoptère Puma sur pose sur la base. Il va rester plusieurs jours pour soutenir la mission de reconnaissance qui part demain.

Jean-Marc, qui est sera, se démène avec son lit picot et sa moustiquaire qui tombent en ruines. Finalement, il en récupère un tout neuf.

C’est samedi, donc après déjeuner c’est sieste. J’en profite pour me mettre à la couture. Mes tenues, perçues à ROSNY, sont dépourvues de velcro de manche. Je dois y remédier pour être à l’ordonnance du camp, écusson EPERVIER à droite et écusson FRANCE à gauche.

Pour finir la semaine en beauté et pour ne pas changer une équipe qui gagne, soirée barbecue pour les sous-offs. Deux cochons de lait rôtissent doucement depuis plusieurs heures déjà. Ils sont excellents. Les personnels inscrits au tableau d’avancement, j’en suis, payent une tournée générale. Le COMDET est présent ainsi que les autres officiers.

Lavabos des toilettes

Jean-Marc est parti avec la MR vers 05h00. Il pense rentrer à mi-parcours, vers le 24, en profitant d’une VAM de ravitaillement. Je lui laissais peu d’espoir. « Tu rentreras le 29, comme les autres », je n’arrêtais pas de lui répéter. Il riait, mais un peu jaune quand même.

Je finis mes travaux de couture, quoiqu’il me reste encore une chemise à équiper de velcro.

Le soir, au repas, j’apprends incidemment qu’un militaire de la MR a fait l’objet d’une EVASAN par Puma jusqu’à ABECHE puis par Transall jusqu’à N’DJAMENA. Rien de grave, au pire une luxation de l’épaule.

Les douches

Lundi, 20 décembre, montée des couleurs à 06h00, tout le détachement rassemblé au grand complet. Nous entamons la Marseillaise.

Grand rapport à 08h00, le COMDET fait le point sur la situation de la base, les VAMS hypothétiquement prévues, l’arrivée pour Nouvel An du DETCHASSE, les festivités de Noël, un exercice MANEGE pour les prochains jours. Une VAM est prévue pour demain, peut être ? Le trésorier-payeur, pour les avances de solde, est quant à lui prévu sur la VAM du 29, vivement qu'il arrive, je commence à voir le fond de mon porte-monnaie.

Avec Nicolas, je retourne à la gendarmerie tchadienne, en ville. Direction mes homologues de la brigade de recherche. Ben, ça n’a vraiment pas grand-chose à voir avec nous. C’est d’un dénuement presque spartiate, une pièce ouverte à tous vents où un gendarme tchadien, un adjudant ?, derrière un bureau discute avec un civil. Sur un banc, un militaire déchaussé glisse un lacet dans les œillets d’une paire de rangers toute neuve. Le commandant de la brigade n’est pas là, je dois revenir plus tard.

16h30, sport. Il fait encore chaud mais c’est supportable. Quatre tours de la base. Il faut que je me trouve une petite bouteille pour emmener avec moi. Cette sensation de sécheresse dans la bouche est infernale.

Jean-Marc m’appelle. Mauvaise nouvelle, la VAM du 24 qui devait le ramener sur N’DJAMENA serait annulée. Il doit poursuivre la MR jusqu’au bout, jusqu’au 29. Je rigole sous cape. Il me demande de récupérer les denrées qu’il a reçu la semaine dernière et de les lui faire parvenir par l’intermédiaire du Puma qui doit, normalement, les ravitailler demain.

L'église de la messe de Noël

Mardi , 21 décembre, jour de lessive, à ne pas manquer en ces périodes de fêtes et de jours chômés. Pas de lessive samedi 25, pas de lavage de draps en semaine 52. Les affaires sont lavées à la main, rendues propres mais il y manque cette bonne odeur de linge parfumée et frais.

Mauvaise nouvelle au petit-déjeuner, la VAM du 23 est de plus en plus aléatoire. Un avion doit arriver de France en soirée avec l'oxygène des Mirages 2000, pas sûr qu'il puisse repartir dès le lendemain.

Je confectionne un petit colis pour Jean-Marc, saucisson sec, saucisson à l’ail, deux terrines. Je garde l’époisse au frigo, mieux vaut pas prendre de risque avec des produits « explosifs » de ce genre. Je remets le colis au DETALAT. L’équipage du Puma ne promet rien. Le vol d’aujourd’hui ne se fera très certainement pas. Je leur laisse le colis, qu’il le garde au frigo pour les prochains jours, si un vol devait se faire.

On m’offre le café, je papote avec eux, je pose les jalons pour plus tard, un petit vol en hélico, ça ne se refuse pas.

Nicolas a attrapé un plat sur son TOYOTA, comme ils disent au pays. Son cric est à plat aussi. Je le véhicule jusqu’au garage pour en récupérer un. Il est à plat également. Retour au garage pour un prendre un autre qui fonctionne cette fois.

A 18h30, la nouvelle filtre, la VAM est confirmé pour demain, peut être, avec le trésorier-payeur à bord pour régler nos avances de solde. Normalement, il ne devait venir que le 29. Ca sent un peu l'impréparation tout cela.

C’est mon anniversaire, je paye un pot dans une popote où j’invite les chefs de service du DETSOUT. Lorsque j’annonce mon âge je les surprends. Il paraît que je fais beaucoup plus jeune. Merci, Merci, n’en jetez plus.

Avec certains, nous sautons le repas. Le barman attitré de la popote nous fait quelques petits amuse-gueules impromptus en étalant un peu de pâté sur une vieille baguette pas trop sèche. Nous finissons dans une autre popote mais il est à peine 21h00. L’assemblée se réduit et je rentre me coucher vers 22h00.

Jean-Marc revient de MR, un peu poussiéreux

Mercredi, 22 décembre, 11h15, la VAM arrive, c'est un Hercules C130, un gros Transall de construction américaine, acheté en petite quantité par l'armée de l'air. Quatre moteurs au lieu de deux mais il me semble moins bruyant que notre Transall. Au transit, un petit bonhomme tchadien vient vers moi, il est en treillis avec un gilet jaune sur le dos. Il me serre la main et me dit qu'il est prévôt comme moi, ici à l'aéroport. Ce doit être un gendarme des transports aériens tchadiens. Je le salue poliment. Il repart, main dans la main, avec un civil tchadien, mais n'y voyez aucun mal, ici c'est normal.

Peu de monde dans l'Hercules, quelques militaires de l'armée de l'air, un prévôt, Christophe, qui escorte le trésorier-payeur. Il laisse pousser sa barbe, très mauvais garçon. Il m'a l'air un peu fatigué. Nous accompagnons la tirelire jusqu'au foyer. Il s'installe dans un coin, la postière du BPI dans un autre. La distribution commence. Je suis le premier servi, 400 000 frcs CFA. Je garde la moitié pour mes besoins courants du mois à venir et je dépose le reste sur mon livret d'épargne, par l'intermédiaire de la postière. Problème, cette charmante dame est installée à N'DJAMENA et ne vient qu'une fois par mois, si jamais l'argent liquide venait à me manquer, je ne pourrais rien retirer de mon livret d'épargne postal. Faut apprendre à gérer son argent mais avec 200 000 CFA ça devrait aller.

Jean-Marc étant absent, je récupère également son avance de solde que je dépose dans le coffre-fort de Nicolas, l'un des seuls de la base.

Christophe va manger avec Nicolas, je reste dans le foyer. Les militaires se succèdent devant le trésorier-payeur en une longue queue qui s'étale jusqu'à l'extérieur de la pièce. L'argent encaissé, presque tous passent devant la postière où une deuxième queue s'installe. La moitié de l'argent distribuée par le trésorier repart dans la poche de la postière.

13h15, le trésorier-payeur s'impatiente. L'avion doit repartir dans quinze minutes, les militaires défilent encore et il n'a toujours pas mangé. Le COMSECU va lui chercher des casse-croûtes, pour la postière également. Nous le rassurons, l'avion ne partira pas sans lui. Il n'en est pas convaincu.

13h30, fin des opérations de paiement et d'épargne, le trésorier et la postière remballent leurs affaires, l'un plus léger, l'autre plus lourde, mais remarque sans rapport avec sa personne. Ils n'ont même pas eu le temps de déjeuner. Ce sera un casse-croûte dans l'avion. Direction le tarmac où l'Hercules attend. Ils embarquent avec Christophe et direction FAYA, aux portes du Sahara.

Je regagne ma chambre pour la sieste, il est déjà 14 heures.

16 heures, réunion de préparation pour le plan MANEGE. Le capitaine de la PROTERRE explique la manip. Il s'agit de mettre en oeuvre le CENTREVAC, pour permettre, en cas de crise grave, le recueil et l'évacuation des ressortissants français et étrangers de tout l'est tchadien. Encore jamais réalisé réellement sur ABECHE mais sur N'DJAMENA en 2008.