ungendarmeautchad
CENT DIX SEPTIEME JOUR
DECOLLAGE |
Nous voulons descendre en ville pour rencontrer, enfin, le juge d'instruction. Je conduis. Je n'ai même pas atteint la sortie du camp qu'un bruit métallique se fait entendre sous le capot et la P4 s'arrête net. Impossible de la redémarrer. Mieux vaut pas, si l'on se fie au claquement que nous avons entendu.
Je jette un coup d'oeil sous le véhicule. De l'huile suinte du moteur, des morceaux d'aluminium traîne sur le sol. J'ouvre le capot. A mon avis, de ce que je vois, le carter de la chaîne de distribution a éclaté. Mauvais signe, très mauvais signe.
Nous appelons le garage. Les mécanos viennent remorquer la P4. Leur diagnostic est le même, chaîne de distribution. Adieu notre petite voiture. Le mécanicien nous rassure, elle sera de nouveau roulable avant la fin de la semaine. Echange standard du moteur avec celui d'un véhicule réformé.
En attendant, nous sollicitons Nico pour faire office de taxi.
Au tribunal, le bureau du juge d'instruction est fermé à double tour. Le garde nous apprend qu'il n'est pas là, en grève, me répond-il. Nous rejoignons le camp, un peu dépité. Décidément, cette enquête piétine.
Dans le couloir du bâtiment, les travaux se finissent. Les ouvriers sont en train de peindre le plafond. Je ne sais pas avec quoi ils peignent, mais ils font autant de bruit que lorsqu'ils démontaient. Pour cette raison, pas de sieste cette après-midi.
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CENT DIX HUITIEME JOUR
Canapé très kitsch, à vendre à même le trottoir |
Une VAM est prévue pour demain, une triangulaire, N'Djamena – Abéché – Faya Largeau – N'Djaména, avec un HERCULES C 130. Avant la fin de la journée, le programme a déjà changé. C'est toujours une triangulaire mais ce n'est plus un C 130, il est remplacé par le CASA. L'avion devait arriver pour midi, il arrivera finalement pour 10h00. Une VAM intrathéâtre, c'est pire qu'un feuilleton à épisode.
Soirée mange-debout, comme tous les jeudis soirs, pizzas au menu, nous faisons le service, Jean-Marc, Nico, Ludo, Mathieu et moi. Les mêmes sempiternels clips vidéo sont projetés, de la house, du gangstarap. Mes pauvres oreilles !
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CENT DIX NEUVIEME JOUR
HEUREUSEMENT, CA ROULE |
Le COMPREVOT me téléphone pour me féliciter de ma promotion. Il m'annonce la date de mon futur retour en France, fin mai – début juin. Un peu plus tard que ce que j'espérais. Je vais essayer de gratter quelques jours, sinon tant pis.
Ca sent bon le départ, tout ça.
La VAM arrive comme prévue, deux prévôts à bord, François et Christian. En discutant avec ce dernier, je me rends compte que nous avons passé notre enfance dans deux villages voisin, quelque part du côté de Thionville. Nous avons fréquenté le même collège, les mêmes endroits mais à deux années de différence. Le monde est petit parfois.
La VAM repart pour 13h00, direction FAYA, emportant François et Christian.
Ce soir, je paye un pot pour fêter mon galon. Une bonne partie de la base y est invitée. Attention le porte-monnaie.
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CENT VINGTIEME JOUR
JEAN MARC EN SELLE |
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CENT VINGT ET UNIEME JOUR
En route vers l'inconnu |
Nous sommes à l'heure mais le chamelier n'est pas au rendez-vous. De loin, je vois quelqu'un qui nous fait signe de la main pendant qu'un piéton semble se diriger vers nous. Nous nous avançons à sa rencontre. C'est le COMCHAMEAU. Il est à l'heure et à l'endroit convenu, seulement un peu plus loin.
Les cinq chameaux, dromadaires, sont là, chacun avec son guide. Agenouillés, les bêtes ne sont pas impressionnantes. Elles sont placides et indifférentes. Leurs bosses arrivent à hauteur de ceinture. Il faut lever la jambe haut pour se hisser sur les selles rudimentaires. Ce sont de simples armatures de bois grossiers matelassées de coussins de paille tressée et recouvertes de tissu plus ou moins épais, plus ou moins colorés. Un artisanat simple, très utilitaire. Les selles sont fixées par deux sangles, l'une passant sous le cou de l'animal, l'autre sous sa queue. Pas très rassurant comme système de maintien.
Je me hisse sur la selle. Le meneur de mon animal est un jeune garçon. Il tiendra la longe de l'animal et le dirigera. J'aperçois la pointe du fourreau d'un poignard qui dépasse de sous sa chemise.
Les chameaux se lèvent. Le mouvement, d'un tangage impressionnant, se fait en trois temps. La bête se relève à moitié sur ses antérieurs, je bascule brusquement en arrière, m'accrochant fortement au pommeau de la selle. Il déploie ensuite entièrement ses postérieurs. Je pars vers l'avant, priant que la selle soit bien fixée. Finalement, l'animal finit de déplier ses pattes antérieures, je retrouve un équilibre rassurant.
Nous partons vers l'est, vers le mont Kilingen. Nous avançons d'un pas lent et régulier, tanguant et roulant au rythme de la marche des chameaux. Nous nous accrochons à nos selles. L'habitude venant, nous prenons de l'assurance et lâchons parfois les pommeaux pour nous photographier. Il faut néanmoins bien serrer les jambes. Les passages des petits wadis sont impressionnants lorsque l'avant de l'animal plonge, et vous avec, dans le creux du terrain puis se redresse pour en sortir.
Nous sommes à peine partis que mon jeune guide me demande déjà un cadeau. On verra au retour.
Nous avançons ainsi pendant une demi-heure, guère loin de la ville dont les dernières maisons restent visibles. Je ne crois pas que nous ayons fait plus de deux kilomètres.
Nous faisons une petite halte. Les guides font agenouiller les animaux de cette manoeuvre qui vaut bien une petite montagne russe. Nous prenons quelques photos à côté de nos montures et nous repartons vers la base.
La petite promenade n'aura duré qu'une heure, pour 5 000 CFA par personne, moins de dix euros. Mais il aurait bête de se priver de ce petit amusement si typique du pays et l'un des rares à notre disposition.
Demain, je pars sur le terrain pour deux jours. Donc pas de nouvel article sur mon blog avant mardi soir ou mercredi. Soyez patient.
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