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CENT DOUZIEME JOUR
Station de taxis |
Je me prépare pour un exercice de posé d'assaut avec une section de la PROTERRE. Rassemblement pour un entrainement d'embarquement à 09h00 dans le hangar du transit avec arme, casque lourd, gilet pare-balles, musette d'alerte. 25 kilos de matériel. Et nous n'avons pas les munitions.
Au dernier moment, le rassemblement est reporté à 11h00. En arrivant, avec Nico, j'apprends qu'il ne faut plus prendre le gilet pare-balles. Ca allège mais qu'en faire maintenant ? Nous le laissons dans un coin.
Le Transall arrive. Le convoyeur nous briefe sur la manœuvre. Nous embarquons et jouons l'exercice de débarquement, avion moteur arrêté.
Il est midi, nous partons déjeuner, brandade de morue, pour revenir à 13h00. Nous montons à bord du Transall par la rampe d'accès arrière. Nous prenons place sur les banquettes de toile. L'avion décolle, direction Am Timan, 50 minutes de vol. J'essaye de dormir, sans succès. Nous approchons de l'objectif. Un hublot est situé en face de moi, en hauteur. A travers, j'aperçois le cône de l'hélice, normalement placé à 05 mètres du niveau inférieur de la carlingue. Au-delà de l'hélice, j'entrevois le sol, quelques arbres, quelques cases. Je réalise que nous sommes en train de virer sur l'aile, l'avion est basculé à plus de 45° sur la gauche. Nous ne ressentons rien à l'intérieur, miracle de la force centrifuge.
L'appareil descend rapidement. Nous sommes secoués. Il touche la piste et s'arrête très court. Nous nous levons et jetons nos musettes sur le dos. Nous abaissons nos lunettes de protection sur les yeux. Nous nous accrochons à la main courante pendant que la rampe arrière s'abaisse. Le signal passe au vert. Nous nous précipitons vers l'extérieur. Les moteurs tournent toujours, soulevant des nuages de poussière dans le sillage de l'avion. A la file indienne, sur deux colonnes, nous sautons de la rampe et courons à toute vitesse dans le sillage du Transall, emportés par les tourbillons de sable et l'air chaud brassés par les hélices.
Au bout de cent mètres de course, chaque colonne se jette sur les côtés de la piste en latérite. Nous nous perdons dans les herbes hautes et prenons une position de défense.
Dernière nous, l'avion repart vers le bout de la piste et décolle. Le tout a duré moins de trois minutes.
La bourgade de Am Timan est construite en bordure de la piste d'atterrissage. Les premières cases sont à moins de cinquante mètres de notre position. Les enfants se rassemblent devant nous mais n'osent s'approcher, peut être impressionnés par notre attitude martiale.
Deux gendarmes tchadiens arrivent à moto. Ils viennent aux nouvelles. Notre guide tchadien de l'ANT les informe de notre mission.
Au-dessus de nous, le Transall effectue une longue boucle pour se présenter à face à la piste et se poser à nouveau.
Il stoppe au milieu de la piste, juste derrière nous. Le temps que la rampe d'accès arrière se pose et nous décrochons un par un. Nous courons vers la piste pour nous mettre sur deux files dans le sillage de l'avion. Si au poser, nous avions le souffle des hélices dans le dos, nous l'avons maintenant de face. Nous avons l'impression de courir sur place. Les nuages de poussière nous aveuglent et nous nous guidons sur le dos de la personne qui nous précédent. La rampe est devant moi, une marche de 50cm. Je m'engouffre dans la carlingue, je jette ma musette au sol et je m'écrase sur la banquette de toile, cherchant fébrilement la ceinture de sécurité. La rampe se referme, l'avion repart et décolle aussitôt. La manœuvre n'a pas duré plus de trois minutes.
Nous ne sommes pas restés un quart d'heure à Am timan. Voilà ce que l'on appelle un posé d'assaut. Nous reprenons la direction d'Abéché où nous attend un ultime exercice.
L'avion s'arrête au milieu de la piste et nous en jaillissons à nouveau, mais sur une seule colonne qui se jette sur la gauche du tarmac. Le Transall repart en roulant au sol vers les parkings de l'aérogare. Nous sommes à plus d'un kilomètre de la base. Nous la rejoignons au pas de course, pour les plus vaillants. Certains, dont moi et Nico, alternent course et marche rapide. Heureusement que nous ne portons pas nos gilets pare-balles ni nos munitions
Ce soir, pour nous requinquer, soirée pizzas chez les pompiers. Je suis à nouveau embauché comme pizzaïolo. Un caporal-chef du génie s'y met également. Il a une technique exceptionnelle pour faire des fonds de pizza d'une parfaite régularité, et d'une main encore. Je vais me coucher vers 23h30, lorsque l'officier de permanence vient mettre un terme à la petite fête.
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CENT TREIZIEME JOUR
Tiens bon la rampe |
Aujourd'hui c'est au tour de Jean-Marc de participer à un posé d'assaut. Il part pour 10h00 et ne revient que vers 13h00. Le pilote a effectué des vols tactiques, très très près du sol, à l'aller et au retour. Il y a eu plusieurs malades. Pourtant, ils n'avaient pas mangé avant.
Je passe l'après-midi au frais dans ma chambre. Je fais une bonne petite sieste avant d'aller récupérer mon linge. Il manque un caleçon, peut être oublié au fond d'une machine. Le lavandier me le promet pour lundi.
Je passe la soirée devant la télé avec MON ONCLE CHARLIE et APOLLO 13. Je ne vais pas dîner. Je me contente de quelques tranches de saucissons, magret, canard et cerf, et d'un bol de soupe. Mes paupières commencent à me peser avant la fin du film mais je résiste jusqu'au bout. Il est 22h30 lorsque je me couche.
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CENT QUATORZIEME JOUR
Une île |
Surprise au déjeuner, pas de jambon cru, plus de canette non plus, mais du sauté de biche avec pommes-noisettes et petits pois – carottes. La viande est bien cuite mais comme je suis servi il y a plus de tendons que de viande. Compensation, il y a du munster parmi les fromages, mais il manque de caractère. Décidément, je ne suis jamais content.
L'après-midi et la soirée se passent devant la télé.
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CENT QUINZIEME JOUR
Attention, danger, traversée d'animaux |
Jean-Marc et Nico vont à un exercice de tir avec une section Proterre. Je reste seul à la base, cela tombe bien, j'ai du travail ce matin, un peu plus que d'ordinaire.
La France est passée à l'heure d'été hier, nous sommes restés à l'heure d'hiver. Il y a du pour et du contre. Les programmes des chaînes de télévision françaises passent une heure plus tôt, les journaux d'information sont alors pendant que nous mangeons à l'ordinaire, aïe ! Comment suivre la brûlante actualité de notre proche voisin libyen ? Il faut également faire attention à l'heure à laquelle nous téléphonons à nos familles. 21H00 ici, c'est 22h00 en France, on risque de les réveiller.
Le seul avantage est que sur certaines chaînes télé par satellite, les films passent une heure plus tôt. Nous ne sommes plus obligés d'attendre 21h15 pour savoir quoi regarder.
Au déjeuner, basse-côte grillée, la mienne est trop cuite, c'est de la semelle. Je dois me contenter de haricots verts et de deux tranches de pastèque. Je crois qu'à l'avenir je vais éviter les viandes grillées, à moins de les accompagner de plantureuses salades, au cas où. Me serais-je trop avancé sur l'amélioration des repas ?
Dans le bâtiment, c'est le chantier. Des ouvriers commencent à démonter, à grands coups de marteaux, les plaques du plafond du couloir. Poussière et bruit assurés. Ils cessent pour 13h00, la sieste est sauvée. Elle est excellente, courte mais excellente.
Comme le déjeuner fut frugal, je vais dîner, tranche de colin avec riz et brocolis. Un peu de vinaigre de framboises sauve le tout.
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CENT SEIZIEME JOUR
OU EST LA CLE DE DEMARRAGE |
Ludo monte à six tours, je me limite à sept. Quatre mois que je suis là, la fatigue commence à s'accumuler, mon organisme souffre.
Nous allons en ville, le juge d'instruction n'est pas là, même pas son greffier. Encore en grève ? Cela ne fait pas progresser nos affaires.
A l'ordinaire, osso-bucco de dinde avec pâtes et courgettes, simple mais bon, je me régale.
Les travaux de réfection du plafond du couloir continuent dans les coups de marteau. Pas de sieste aujourd'hui.
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