ungendarmeautchad
QUARANTE CINQUIEME JOUR
Dromadaire |
Lundi, 17 janvier 2011, 05h30, le réveil sonne. Je prends mon temps pour me lever jusqu'à ce que je me rende compte que la cérémonie des couleurs se déroule à 06h00, au lieu des 06h30 prévus par le RSI. Je me précipite pour être à l'heure.
A l'issue du levé des couleurs nationales et tchadiennes, footing cohésion autour de la piste de l'aéroport, 6.300 mètres. Vent de face au retour. Je préfèrerais courir sur un porte-avion, la piste est moins longue.
08h00, grand rapport, nous discutons des problèmes habituels.
Plus tard dans la matinée, Jean-Marc et moi allons de nouveau au tribunal. Il est ouvert mais le juge d'instruction n'est pas là, il est à N'DJAMENA. Son greffier ne sait pas quand il reviendra, peut être dans trois ou quatre jours.
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QUARANTE SIXIEME JOUR
Piste de sable entre Oum Chalouba et Arada |
L'une de nos missions consistant à surveiller nos militaires lorsqu'ils sont en ville, nous sortons faire une patrouille, direction le marché.
Nous stationnons notre P4 devant un immeuble, le coupe-circuit est cadenassé. A part les housses des sièges, il n'y a rien de valeur à l'intérieur. Nous nous engageons au milieu des étals et nous nous perdrons dans un dédale de venelles sombres qui abritent de longues successions de petites échoppes, vendeurs de chaussures, vendeurs d'habits, épiciers, marchands de légumes, marchands de tapis. Les produits s'entassent du sol au plafond et empiètent largement sur les étroites allées. Je remarque que vieilles machines à coudre à pédales. Elles me rappellent celle qu'utilisait ma grand-mère.
Quelques notes de couleurs criardes éclatent ci et là, mais le tout est assez terne. Pas de prix affiché, il faut croire le vendeur sur parole, mais quel est le prix pour les tchadiens et quel est le prix pour les européens? Les marchands nous regardent passer avec indifférence, sans nous harceler.
Je repère un vendeur de bidons en plastique vides, certains sont marqués Service des Essences des Armées. Rien ne se perd.
Nous sortons des venelles aux murs de briques pour nous engager entre des tentes et de vagues abris. On y vend essentiellement des légumes. L'odeur est prenante, les mouches sont en nombre. Nous regagnons les ruelles.
Au milieu de l'une d'elles, un pick up de la police municipale est garé, plusieurs policiers à bord. Surveillent-ils quelques personnes en train de déblayer la chaussée ? Travaux de voirie ? Travaux d'intérêts généraux ? Considérons l'étroitesse des venelles, je me demande comment ce 4x4 a pu pénétrer jusque là ?
Le sucre et le sel se vendent en vrac, dans d'énormes pots superposés, le premier est plutôt blanc-gris, le second plutôt gris-noir. Quelques épices sont en vente, je ne les reconnais ni à la vue ni à l'odeur, bien discrète. Je ne m'approche pas trop de peur de renverser les étals.
Nous regagnons notre véhicule. Il est toujours là. Ouf !
L'après-midi, après la sieste, je récupère mon linge, bien plié dans sa bassine. Je doute que ma polaire ait été lavée, elle sent encore la fumée. Tant pis, je lui referai un lavage de sécurité à la main dans ma chambre.
En allant chercher mon linge, je remarque que l'ânon est couché dans la poussière. Curieux pour un cousin du cheval. Je m'approche, il respire, il se roule dans le sable. Je hausse les épaules, pourquoi pas ?
Plus tard je remarque un rassemblement là où l'animal était couché. La rumeur commence à courir, il serait en train d'agoniser, mordu par un serpent disent les vendeurs tchadiens présents.
Le capitaine médecin s'en mêle mais ne peu faire grand-chose. Le mieux est d'attendre.
Dans la soirée, l'ânon est couché sur le ventre dans le sable, son père, Imar, est couché comme lui à ses côtés, la mère est debout un peu plus loin. Son état n'a pas empiré. Il est toujours vivant. Nous verrons bien demain.
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QUARANTE SEPTIEME JOUR
Le nouveau mess sous-officiers |
L'ânon va mieux. Il s'est relevé et gambaderait presque.
Les prochaines relèves alimentent presque toutes les conversations. Tu pars quand ? Je pars quand ? Qui te relève ? Qui me relève ? Certains n'ont pas de nouvelles de leur relève et nous leur demandons s'ils seront bien relevés. C'est la dernière plaisanterie en vogue.
Nous avons inauguré une nouvelle salle à manger pour les sous-officiers, toute pimpante, respirant la bonne peinture fraîche. Plus pratique pour le service, plus propre car neuve, elle manque néanmoins de caractère. L'ancienne était plus petite mais plus conviviale. La nouvelle est plus grande, trop grande. On s'y perdrait presque. Les murs sont nus sauf une fresque, reproduction naïve des « Dernières Cartouches à BAZEILLES » de NEUVILLE, je crois bien.
Il y a eu une VAM ce matin, transportant des personnels de l'état-major, pour un audit de certains services. Ils repartent dans l'après-midi.
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QUARANTE HUITIEME JOUR
Rue principale d'Arada |
Nous passons la matinée à faire le tour de la base pour présenter le nouvel arrivant aux différents services. Jean-Marc décolle dans l'après-midi, à 15h00. François et moi l'accompagnons jusqu'au pied de la passerelle, malgré la sieste.
Soirée mange-debout comme tous les jeudis, hamburgers. Lorsque nous allons manger, vers 19h00, les frites sont déjà un peu mollassonnes. Tant pis. Le hamburger est énorme,comme d'habitude. L'ambiance est très calme, très pépère.
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QUARANTE NEUVIEME JOUR
Entrée de Biltine |
A 10h00, j'emmène François visiter la ville. Il est sidéré par les nombreux feux rouges en fonctionnement. Il n'y en aurait qu'un seul à N'Djamena. L'agglomération lui semble plus propre que la capitale.
Nous passons au tribunal. Le juge d'instruction n'est toujours pas là. Son greffier nous renvoie à lundi. En sortant du bâtiment, nous sommes accostés par un gendarme tchadien très sympathique et affable. Sa brigade est à plus de 80 kilomètres de Abéché, il est là pour plusieurs jours. Dernière lui, deux civils âgés attendent, un baluchon sous le bras, des justiciables qu'il emmène devant les juges ?
Sur le chemin du retour, nous passons par le camp des Etoiles, le camp de la Minurcat. Pour revenir à la base, je variante l'itinéraire et nous nous engageons dans des ruelles étroites, ensablées et défoncées. On s'y perdrait presque. Je garde un oeil sur les antennes des relais téléphoniques pour me repérer. Nous regagnons enfin l'un des grands axes bitumés de Abéché, nous retrouvons le chemin du camp CROCI.
Nous passons la soirée dans une popote pour un petit tournoi belote – tarot – pétanque.
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